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Programme Jules Verne 2012-2013, de l'académie de Paris à Chicago Public Schools

20 mai 2013

La salle de classe

Comme dans toute bonne école primaire, la salle de classe est remplie de posters, de travaux d’élèves, de jouets et de livres à disposition. Les tables sont modulables selon les activités. Tout bouge beaucoup. Les élèves ont la liberté de se déplacer sans systématiquement demander la permission pour aller aux toilettes ou se servir de mouchoirs ou gel antibactérien mis à disposition.

Les salles sont décorées selon les exposés et projets du moment, comme les vitrines d'une boutique. Les créations estudiantines recouvrent les murs et les plafonds. Le mobilier est positionné différemment selon les salles, le bureau du professeur n’étant quasiment jamais centré et rarement face aux pupitres des élèves. Les tabeaux à craies sont immenses et remplis d’aimants et de tableaux velleda individuels sur lesquels sont inscrits les consignes et devoirs de chaque classe. Les affiches valorisent l’apprentissage et le respect, la réussite et la performance.

Chaque professeur a créé ses propres tableaux pour inciter les élèves à rendre leurs devoirs et participer activement. Leurs performances sont accrochées au mur, donc vues par tous les niveaux. Toutes les salles sont équipées d’un ordinateur et/ou d’un vidéo-projecteur. Certains professeurs ont même pu bénéficier d’Ipad. La salle de technologie est fournie par Apple également, ordinateurs de bureau et portables. Chaque élève dispose d’un ordinateur portable et d’écouteurs pour recréer l’ambiance d’un laboratoire de langues en classe. Les élèves sont très assidus et focalisés sur le site dont il est question pour le cours. Il faut cependant garder en tête que cela ne passe pas ainsi partout. 

Point particulier: la présence d’un haut-parleur directement relié à l’administration. Chaque salle peut donc être écoutée et le cours peut être interrompu à tout moment sans avoir besoin de se déplacer. On peut toujours ouvrir le débat quant aux avantages et inconvénients de ce système bien anglo-saxon, en place notament en Irlande et au Royaume-Uni.

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14 février 2013

Emploi du temps

Il est important de rappeler que chaque école, même publique, a son propre fonctionnement : liberté d’organiser les journées et les pauses, liberté des jours fériés, vacances différentes selon les secteurs découpés à échelle locale.  Ainsi, les zones A, B et C qui sectorisent les vacances scolaires en France ne s’appliquent qu’à Chicago. Si les professeurs français sont en vacances deux semaines toutes les six semaines, les professeurs à Chicago disposent d’une semaine à Noël et à la fin mars. Entre décembre et mars deux jours fériés (sans ponts)sont généreusement accordés. L’adage qu’un formateur français nous avait enseigné m’a été répété plus d’une fois par les locaux: « We don’t work to live, we live to work. » Ceci étant, j’ai également entendu une autre vérité dévoilée par un professeur français installé ici depuis une dizaine d’année: « Même si on travaille beaucoup et qu’on est amené à aller au-delà de nos fonctions, on s’épanouit dans son métier et on prend du plaisir à accomplir sa tâche parce qu’on est poussé à réaliser des projets qui sont valorisés. » 

Emploi du temps d’une journée

Les cours sont dispensés à partir de 8h45 mais l’école commence officiellement à 8h30. Il est fortement recommandé d’être présent vers 8h. Vers 8h15, les maternelles et primaires  petit-déjeunent dans la cantine. Je les surveille et les fait monter en classe vers 8h30. Chaque séance dure 40 minutes. Il n’y a pas d’interclasses et pas de recess (récréation) à part lors de la pause déjeuner qui dure également 40 minutes. L’école se termine à 15H15, suivie par 15 minutes de dismissal: chaque professeur est posté à un endroit pour s’assurer que les élèves ne courent pas et rentrent en toute sécurité chez eux. L’école a 3 entrées. Chaque entrée est attribuée à un moyen de transport. L’entrée qui donne sur telle rue est consacrée aux élèves prenant le bus, une autre pour les élèves à pieds et une dernière pour les élèves en voiture. Avec d’autres professeurs, je me charge de raccompagner les élèves jusqu’à la porte de la voiture de leurs parents, en prenant congé dans les cinq langues étudiées à l’école. En effet, il n’y a pas d’assistants d’éducation et les professeurs sont requis bien au-delà de la salle de classe. Polyvalence et adaptabilité sont deux maîtres-mots. 

Ma journée typique

Je commence par la surveillance de la cantine. La matinée se déroule auprès de la professeure de français dans ses cours de niveau collège. Elle me permet de participer et accepte chaleureusement mon avis. Je travaille chaque jour avec un groupe différent d’une classe de 3rd et 6th Grade (CE2 et 6eme), leur donnant en anglais des cours d’écriture et de lecture. Enseignant officiellement en collège en France, j’ai appris ce que je considère être un tout autre métier : institutrice. La possibilité qui m’est offerte d’enseigner l’anglais à des Américains est un défi que je relève avec beaucoup d’entrain. A tel point que certains élèves m’ont demandé si j’avais appris la langue française à l’école en LV2! J’aide également d’autres professeurs d’anglais et d’autres enseignantes en faisant du soutien personnalisé en anglais, travaillant autant avec des élèves en difficultés qu’ avec des groupes de tous niveaux. Je change donc de casquette à chaque cours ou presque, ce qui me permet d’abord d’avoir un point de vue très large sur chacun des niveaux mais aussi de construire une relation avec beaucoup plus d’élèves. Je termine chaque soir par le dismissal qui peut s'avérer assez sportif selon la température et les aléas climatiques de l'hiver: vent incisif, neige abondante, pluie torrentielle, verglas... Il faut alors redoubler d'efforts et s'assurer d'éviter aux élèves des glissades sur le bitume qui peuvent faire mal. 

 

14 février 2013

Le sport

Après les cours, beaucoup d’élèves participent à l’équivalent de l’ AS, association sportive des écoles françaises. Equipes de filles et de garçons s’entraînent pour des matchs de volley et de basket contre d’autres établissements. Il n’existe pas encore les majorettes des universités mais les maillots et vêtements sportifs aux couleurs de l’école sont fièrement portés par tous, professeurs compris. Les matchs sont très suivis. Parents et amis viennent crier « Go, Jackson, go » pour soutenir l’équipe de l’école. A la fin de l’année a lieu une rencontre amicale entre élèves et professeurs. Le gymnase est très grand et dispose d’estrades. Les drapeaux de toutes les langues enseignées sont pendus sur les murs où on peut lire un proverbe inscrit qui rappelle certaines valeurs sportives telles que l’importance de participer et le respect de l’adversaire.

14 février 2013

Matériel

La première chose frappante, c’est que tout le monde utilise en priorité des crayons de papier. Peu, voire pas de trousse. Je n’ai pas pu m’empêcher de poser la question sur le pourquoi des crayons de papier partout, tout le temps, au moment où j’étais activement à la recherche d’un stylo. « Parce qu’ici, on a le droit à l’erreur et on peut gommer et recommencer. »  Les manuels scolaires, les cahiers, les feuilles de brouillon et les feuilles plastifiées, les ciseaux, tout cela est fourni par le professeur au moment où l'élève en a besoin. 

Les professeurs disposent d’un budget qui leur est attribué en plus de leur salaire pour acheter des fournitures scolaires en tout genre. Les classes sont bourrées d’images, de drapeaux, de flashcards, de messages positifs accrochés au mur, à tel point qu’on ne voit presque plus la couleur de la peinture en dessous. Il y a des stickers, partout, des livres dans des boîtes en plastiques, des petits ours en peluche, des jouets qui vont permettrent de rendre la production orale plus vivante et amusante... et sur chaque bureau et chaque armoire, quelque part dans un coin mais visible par tous, quelques photos de la famille du professeur occupant la salle. 

 

14 février 2013

Sécurité, sécurité, sécurité

Accueil, entrées et sorties

Toute personne extérieure doit, comme presque partout, signer et laisser sa carte d’identité à l’entrée. Si la personne qui surveille ne vous a jamais vu, impossible de passer sans répondre à quelques questions. Tous les professeurs doivent pointer avec un badge, permettant ainsi de retracer leurs horaires. Les sept heures de présence sont obligatoires.  

Sans vouloir remettre le couteau dans la plaie en ayant une pensée pour la tuerie de Newtown dans le Connecticut vécue en live ici, il n’est pas rare que des fous entrent dans les écoles pour tirer sur le personnel et bien souvent sur les enfants. C’est pourquoi chaque salle de classe peut se fermer à clef automatiquement lorsqu’on en sort. Pas super pratique quand on vient de l’extérieur et que l’on veut retourner dans la salle, mais au moins sécurisant. Depuis la tuerie, nous devons porter une carte autour du cou avec notre identité et notre statut inscrits dessus. 

Lock-down drill

En plus des exercices d’évacuation incendie, nous avons un exercice d’alerte contre les agressions extérieures. Consignes : rester dans sa salle fermée à clefs et n’ouvrir à personne et sous aucun prétexte. La police est là et vérifie que tout le monde est au pied de guerre en faisant semblant de demander d’ouvrir la porte pour vérifier la réaction des gens. Un rapport est établi et si les consignes n’ont pas été respectées, l’exercice recommence sans prévenir à un autre moment dans l’année. 

Tornado drill

Même alarme que pour les alertes incendies mais cette fois-ci, les élèves et les professeurs ne se précipitent pas. Ils sortent tranquillement de la salle de classe, se collent contre les murs et un à un se recroquevillent en position foetale, bras autour de la tête et tête face au mur. Ils sont serrés et regroupés le plus loin des fenêtres. Excercice en cas de tornade. 

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14 février 2013

Premiers pas

Après quelques rebondissements, je découvre enfin Andrew Jackson Language Academy, école K-8 (Kindergarten through 8th Grade, ou l’équivalent de la maternelle jusqu’à la fin du collège) publique très réputée, classée parmi les meilleures à Chicago. C’est ce qu’on appelle ici une Magnet School. Crées pour enrayer la ségrégation raciale, ces écoles fournissent des programmes spécialisés dans un cursus particulier, d’où l'appellation 

« Language Academy. » Ainsi, « Jackson » se dote de cinq langues enseignées par des professeurs natifs pour certains : français, italien, espagnol, chinois et japonais. Pour pouvoir être admis au sein de cet établissement, les élèves doivent remplir un dossier et passer à travers la «loterie». Les élèves viennent donc de différents quartiers de Chicago et apportent leur diversité dans un joyeux et enrichissant melting pot

 Dès l’entrée on peut voir un atrium au centre avec un globe crée par les élèves en arts plastiques. L’école participe à un programme appelé Leader in Me qui a pour objectif de valoriser les écoliers en les récompensant pour leur « proactivité », c’est-à-dire leur capacité à faire des choix responsables, spontanés et volontaires en travaillant, mais aussi en participant à la vie de l’établissement pour aider leurs professeurs et camarades dès qu’ils le pensent nécessaire. Sur les murs et au plafond sont inscrites en couleurs des  proverbes pour ancrer les bienfaits de l’apprentissage ou des phrases de renforcement positif telles que « Readers are leaders. » Sur un miroir posté dans le couloir au dessus d’une fontaine à eau on peut lire « I see a leader in me. » 

Sur les vitres de l’administration sont accrochés des feuilles représentant des poissons -  que l’on appelle catch of the day - dans lesquels on écrit le nom de l’élève « proactif », le nom du professeur qui l’a repéré et un petit message expliquant ce que l’élève a accompli de positif. Ces textes sont lus tous les soirs à travers un interphone relié à toutes les salles de classe pour féliciter les élèves devant toute l’école. 

 Il n’y a pas de fiches de suivi pour les punir, pas d’heures de retenue, pas de carnet de liaison, pas de sanctions / punitions, pas de réprimandes. On ne retient et on parle que de ce que l’élève a fait de bien. 

 

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